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Du Flaubert en friche

Mai 2015

A l'occasion de l'inauguration du parc Flaubert

de la ville de Grenoble

ici le long de la piste cyclable

en friche depuis des dizaines d’années

entre Belledonne et Vercors

plantes et arbustes sauvages, pierres et bris de verre

traces de voies ferrées et d’activités mécaniques

parfois un campement quelques semaines

 

couper jours après jours

par le sentier de terre battue

en courrant dans les herbes hautes

pour arriver à temps au tram

et revivre un plaisir d’enfance

de la boue plein les chaussures

 

aujourd’hui large passage de verdure pour les piétons

jeux d’enfants, colline, mare à futures grenouilles …

 

dessiner une passante, jouer à relier un caillou

avec un fragment de texte glané dans les journaux

tisser ensemble des bouts de bois

et quelques papiers d’emballages

des pièces de moteur rouillées, des mots entendus

et les pierres brûlées du dernier feu

 

aventure au pied de mon arbre

carambolage visuel dans un champ de coquelicots

il me vient en tête une chanson de Francesca Solleville,

Le plus beau de moi :

             «En rêvant toujours plus haut que le front

               Ainsi que le font les fleurs populaires »

​

Gustave Flaubert nous a transmis

un certain regard sur la société de son époque

qu’aurait-il écrit en ce lieu aujourd’hui ?

de quelle manière aurait-il décrit la vie ensemble ?

si éclatée si diverse si difficile à raconter

mais est-ce véritablement plus complexe

qu’à l’époque de Flaubert ?

 

Ce matin je tombe dans un mail sur cette citation d’Edgar Morin : « Quand je parle de complexité, je me réfère au sens latin élémentaire du mot "complexus", "ce qui est tissé ensemble"(…) Le vrai problème c’est que nous avons trop bien appris à séparer. Il vaut mieux apprendre à relier. »

​

alors je retourne tisser peintures et dessins

avec les mots des chansons, des passants et des journaux

relier les traces laissées par la nature

les enfants, les femmes et les hommes

 

il fait un temps à assembler les hasards et l’évidence

afin de raconter la vie en friche sur les terres d’ici et d’ailleurs

​

Catherine Sicot 22 mai 2015    

du Flaubert en friche installation dans le parc Flaubert à Grenoble

 

assemblages cousus sous Rhodoïde de mots, photographies et matériaux divers glanés sur le terrain.

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